Les rats verts, cabriolent dans ta tête, dents aigües dévorant tes tempes
Ils hurlent , ils se démènent et mènent leur assourdissante sarabande
Au son des échos véhéments qui percutent ton crâne et se déchaînent
Comment les faire taire ?
Silence ?
Tu " je me sens bien ce n'est que..." puis tu "ça va passer"
Armes dérisoires et vaines
Chaque jour :défi, défaite
De tes catacombes obscures monte
Le vagissement d'une autre ombre grimaçante encore
Oh les contes roses de ton avenir bâtis de chimères.
Effondrés de tout leur poids de pierre
Sur tes épaules nues! Tu chancelles
Et t'épuises à gravir leurs décombres.
Pierres tranchantes et glacées
Sur lesquelles
Ton sang gèle
Où tu crèves
De désespoir
De honte
De fatigue
De froid.
Que vont devenir tes enfants ?
Les membres ensevelis sous les décombres veulent vivre encore.
Leur gangrène grouille et se répand sur les graviers
En horde de cloportes douloureux qui gargouillent
Et puis...
J’ai attendu, grand-mère, que les blocs de pierres
Qui couvrent ta tombe
Se posent, s’affinent et reposent enfin.
Que le ciel soit plus léger.
J’ai attendu que les décombres
Oh, lentement !
Deviennent des gravats.
J’ai attendu, grand-mère, que les graviers
Ne coupent
Plus
Les pieds
A chacun de nos pas.
Et que le sang des miens ne se répande plus
Plus de blessures
Graves
Plus même d’égratignure.
J’ai attendu, grand-mère, la plaie qui se referme
Et la cicatrice qui
Oh, lentement !
S’efface.
Aujourd’hui, sur le sable,
Millions de parcelles
D’un lointain gravat pluriel et singulier, je marche.
Sur les grains dont le picotement tiède me grandit, je marche.
Et je te regarde avec douceur, ma grande mer.
Myriam G.
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