"Oh ! Il est beau mon poisson ! Regardez mes sardines, fraîches comme
les joues de la demoiselle !".
Le marché du lundi, éclatant, odorant, chatoyant, m'enchante.
Ici, le crémier qui s'escrime à écrire et décrire chaque fromage.
Les enfants, excités comme des puces se poursuivent et déambulent entre
les badauds.
Les klaxons se répondent et les conducteurs s'invectivent.
L'embouteillage bientôt à la bretelle
d'autoroute bifurquera.
Moi, ravie de tout ce charivari, je revisite à l'envie chaque boutique,
chaque vitrine.
Petit à petit mes pas, impertinents, me conduisent inévitablement vers
le primeur.
Les tomates rouges comme un soleil couchant rivalisent de fraîcheur avec
les fraises humides de rosée.
Et là, les cerises d'un noir si profond, grosses comme mon poing.
Leur parfum me tire par le bout du nez jusqu'au dessus d'elles.
Je n'y résiste pas.
Ma main doucement s'élève, s'ouvre, bien malgré moi, et d'un geste vif
comme l'éclair, cette main,
effrontée comme une adolescente, saisi la plus belle cerise et
l'engouffre dans ma bouche.
Ma bouche, pour bien montrer sa désapprobation, se referme aussitôt,
honteuse, cache le délit et
s'empresse goulûment d'effacer toute trace extérieure de ce crime de
lèse majesté.
Et un jus sucré comme de la confiture dégouline en moi et je fonds de
bonheur.
Extase d'un instant, trésor inestimable et déjà disparu.
Viviane
Thème : l'éphémère (thème du printemps des poètes 2022)
Règle de l'atelier : on a TOUJOURS le droit de ne pas respecter les contraintes, si notre inspiration nous emporte ailleurs ...
Le site donne le thème, mais ne met pas en ligne les aides / supports / pistes donnés aux participants pour écrire leurs textes. Pour les connaître, rejoignez-nous en atelier !
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